mardi 28 septembre 2010

Jeudi 23 septembre 2010

Titi a 4 ans aujourd’hui ! Le temps passe vite...

Ce matin Marcella Frangipane nous a fait visiter le site d’Arslantepe. Site majeur en Mésopotamie du Nord, équivalent de Uruk dans le sud de la Mésopotamie, ou encore Gawra en Iraq du Nord, ou Tell Brak en Syrie du nord. Le site est occupé dès la fin de la période d’Obeid et ce jusqu’à la période byzantine, avec quelques interruptions bien entendu, mais on retrouve des niveaux d’occupation à toutes les périodes pendant près de 4000 ans. Les fouilles actuelles se concentrent sur des niveaux post-obeid, vers 4200 BC, puis de l’âge du Bronze vers 3000 et enfin à la période Hittite vers 2000, toujours avant Jésus-Christ. Pendant la visite Marcella nous promène dans le quartier des temples et la salle du trône, de la fin du 4è millénaire avant JC. Arslantepe, la colline des lions, tient son nom d’une porte monumentale trouvé il y a une quarantaine d’années. Cette porte en basalte, était ornée de lions assis qui flanquaient l’entrée du site pendant la période hittite. Les fouilles des années 90 et 2000 ont démontré que ce site était tout aussi majeur pendant le 4è et le 3è millénaire. On y a retrouvé des traces évidentes d’origine d’un pouvoir centralisé dirigé par des élites locales, et offrant des éléments de communications, réseaux d’échanges certainement, avec toutes les régions voisines : Amuq, Mésopotamie du sud, Anatolie Centrale et Transcaucasie. Il était donc très impressionnant de se promener dans le quartier des temples, dont les murs sont conservés sur 2 à 2m50 de haut par endroit, on se sent tout petit dans ce genre d’endroit. Ce quartier du site sera bientôt ouvert aux touristes, les turcs sont en train de mettre en place tout un parcours pour visiter ce quartier. Tout l’espace est couvert pour être protéger des intempéries, les peintures murales trouvées dans certaines pièces (dont la salle du trône) sont restaurées et seront recouvertes d’un verre pour être visible sans se dégrader. Ce nouveau site touristique en Turquie devrait ouvrir en 2011, pour le plus grand cauchemar des archéologues qui travaillent encore sur place. Cette étant politique les italiens n’ont d’autre choix que de se conformer.

On a poursuivi par une visite du Chantier VIII, fouillé par Francesca Balossi, qui correspond à des niveaux d’occupations contemporains des nôtres à Ovçular, le chantier est très grand, fouillé par intermittence depuis 1992, mais pas encore publié. J’ai donc hâte de voir la céramique, qui est selon Catherine la même que celle d’Ovçular.
Un peu plus loin on rend visite à Mario Liverani, qui lui fouille les niveaux Hittites, âge du Fer, env. 2000 BC. Tout le flanc nord du secteur est très imposant car flanqué d’un mur de rempart de 2m de larges sur près de 4 de haut, tout est en briques crues, c’est beau. En écrivant ces lignes, je me rends compte à quel point fouiller de la brique crue me manque...

Un peu plus tard on redescend à la maison de fouille, et je commence à regarder le matériel, pour faire une petite sélection d’échantillons pour créer mon référentiel macro, pétro, techno et géochimique. Je choisis donc une 12zaine de tessons ayant des similarités avec les nôtres, avec les 850 km qui séparent Arslantepe d’Ovçular, les points communs sont rares et les similarités entre les deux assemblages céramiques ne sont que des généralités. Chose qui est peu surprenante pour les périodes anciennes. Il faut dire qu’en faisant la traverser de la Turquie on découvre toute une variabilité régionale d’occupation des paysages : l’architecture en est la première manifestation, mais aussi les rapports avec l’environnement : l’élevage, l’agriculture - inexistante dans les piédmonts du Ararat car les communautés sur place sont kurdes, en partie nomades, et surtout des communautés d’éleveurs transhumant avec leurs bovinés et ovi-caprinés. Bref tout cela nous montre bien que si relations il y a entre des grandes régions aussi distantes les unes des autres que l’Amuq, le Haut Euphrate ou la Transcaucasie. Il est bien probable que l’on ait à chercher ces relations avec un maillage de sites bien plus étroit que sur des distances de 800 ou 850 km... C’est une évidence, mais il me semble aujourd’hui très intéressant de songer à ces relations et d’envisager des liens technologiques se transférant à une échelle humaine et pas seulement géographique. Le problème pour ce genre de recherche est l’ambition et la nécessité de moyen que cela nécessite...

15h Catherine reprend la route vers G.Antep pour aller chercher les tessons que j’ai sélectionné à Oylum Höyük, ils arriveront plus tard par la poste... Comme ceux sélectionnés à Arslantepe.

Je passe le reste de la soirée avec Marcella et Mario, toute l’équipe est allée soit à un mariage, soit au restaurant... Demain je pars à 7h30 pour mon vol Malatya-Istanbul.

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