dimanche 14 août 2011

De Montréal à Ovçular tepesi, au pays du peuple de l’arche…

Quelques notes sur ma dernière mission en Orient…

Parti de Montréal le 24 juillet, je suis arrivé à Ataturk, le 25 en fin de matinée… il faisait déjà chaud. Fraîchement débarqué au Büyük Londra Oteli, Grand hôtel de Londres, je pose mes bagages et me pose un peu… Il fait chaud à Istanbul et c’est très humide…

Je prends quelques heures en fin de journée pour aller faire un tour dans le Grand Bazar et le Bazar aux Épices… je descends de Beyoglu en funiculaire et prend ensuite le tramway pour aller vers le Kapali Çarsi (Grand Bazar) l’ambiance est toujours aussi effervescente. Beaucoup de touristes, il faut dire que fin juillet, la saison touristique bat son plein, et les tarifs aussi.

Je dois attendre trois jours avant l’arrivée de mes collègues, Catherine et François, qui arrivent de Paris et de Lyon. C’est avec François que je vais faire la traversée du Grand Est vers Igdir, ville la plus proche de la frontière Azéri.

En attendant l’arrivée de mes deux acolytes, je décide de prendre une vraie journée off, et m’offre une journée de plage au bord de la mer de Marmara. La chaleur est accablante… je ne sais pas combien il fait, mais je sue… je décide donc de partir de bonne heure pour arrivée sur une plage dont j’ignore encore la localisation et de fait je ne sais pas non plus le temps qu’il me faudra pour m’y rendre…

Je décide donc d’aller prendre un bateau à Eminonu, proche du bazar aux épices… arrivé là il n’y a pas de bateaux pour les îles aux Princes, on m’oriente vers un autre quai de l’autre côté de la Corne d’Or. Je repars ainsi de Karakoy, pour aller aux îles… mais arrivé à Kadikoy sur la rive orientale, je me rends compte que je ne suis pas dans le bon bateau ! oups !!! alors je tente d’appeler mon ami Éric Jean qui habite à Kadikoy, mais mon cell est à plat, plus d’unités pour téléphoner… Je le recharge et finalement trouve le bon embarcadère pour partir… Il est déjà 11h30… et il fait chaud.

Finalement le bateau de 11h40 arrive ; j’embarque, mais ne sais toujours pas où je vais… 45 min après le départ, premier arrêt… ya des touristes partout, des turcs à la pelle, qui descendent en masse sur cette île, dont les quelques plages sont couvertes de transat… pfff, je n’ai pas envie de ça… je rêve d’une crique et d’un bout de plage sauvage, où il n’y aurait que moi, ou presque… je reste à bord et le bateau poursuit son trajet. Seconde halte Burgazada, petite île, peu de monde descend, je saute aussi du bateau… et me dit que je vais bien voir ce que je vais trouver… cette île, comme toutes les îles de la Marmara, est dépourvue de voiture, seuls des vélos sont louables, ou encore des calèches à chevaux pour se promener. Je marche, en suivant la côte occidentale de l’île. En chemin, un chien errant sympathise avec moi et m’accompagne jusqu’au terme de ma marche, quelques 25 min plus loin. Je profite des mimosas, des figuiers et des bougainvilliers qui ornementent les jardins de ces maisons, qui pour certaines sont ottomanes, en bois. Mon chemin est parsemé de criques, où il y a toujours quelques familles en train de patauger… finalement je prends un chemin de terre qui descend vers une crique qui semble presque déserte et de fait, il n’y a qu’une vingtaine de personne dans ce havre de paix. Paisibilité garantie je me pose là… il fait chaud… je me fous à l’eau et ça me rafraichit à peine… il est 13h… le soleil est à son zenith… tout est chaud, les galets, l’eau… et je suis en fonte… seul ou presque en compagnie d’un cormoran cette fois, je relaxe là quelques heures. Vers 14h30 je repars, cramoisi, histoire de prendre un lunch avant de reprendre le bateau retour qui me déposera à Kadikoy, où je vais retrouver Éric, Laurence et Yasemine, mes collègues et amis, français et turques qui vivent à Istanbul depuis des années maintenant.

Retour au quai, je fais un petit tour dans le bourg de Burgaz, quelle plénitude à cet endroit, pas de voitures, quelques vieux ici et là qui prennent le thé, jouent aux cartes, ou encore son assis sur un banc en train de regarder les bateaux passés au large… ça fait tellement de bien pareil décrochage ! Je trouve une place en terrasse dans une petite lokanta en bord de mer et prends un brugaz kebap, excellent : pain plat (lavash) avec fromage et viande grillée (mouton) le tout roulé, coupé en rondelles, arrosé d’une sauce tomate et accompagné de yaourt local, un régal ! Je complète le tout par quelques thés turcs, que j’adore. 16h30 je prends le bateau et rentre sur la rive orientale d’Istanbul à Kadikoy, où Eric m’attend et avec qui nous allons manger chez Laurence, qui vient de se casser le pied ! À 10 jours de son départ sur le terrain, c’est un peu poche !!! Son départ n’est que retardé ! Elle a la peau dure Laurence, et partira tout de même dès son atèle retirée…

Avec Eric, on passe chez un traiteur de Kadikoy, y achète un bar grillé et quelques mezzés, Laurence fourni le Raki… le cadre de la soirée est planté. On discutera jusqu’à une heure assez avancée, en tous cas suffisamment avancée pour que je rate le dernier bateau pour retrouver ma chambre d’hôtel sur la rive occidental d’Istanbul, à Beyoglu. Je rentre donc en Dolmush, taxi collectif ! Superbe soirée passée avec Laurence, Eric et Yasemine !!!

Mercredi 27 juillet… après une nuit blanche causée par le jetlag, je me lève en urgence vers 10h du matin pour transférer mes quartiers vers le palais de France, maison consulaire, et l’Institut Français, où Catherine m’a réservé une chambre pour la nuit, histoire de pouvoir la retrouver, ainsi que François, le soir même. Nous nous retrouvons donc en fin de journée, on dîne, dans le quartier de Pera, avec quelques midiye tava (beignets de moules accompagnés d’une sauce à l’ail - une chance je dors seul)… nuit à l’IFEA, avec chaleur, moustique et eau à peine potable… le lendemain matin, début de l’aventure !

Jeudi matin (28 juillet) je pars pour l’aéroport, destination Gaziantep, les vacances sont finies… je vais arriver dans le sud-est à 800km d’Istanbul en début d’après midi et François va m’y rejoindre vers 19h30. J’ai 5 heures à tuer… Que faire ? Aller voir le nouveau musée de Gaziantep, riche des mosaïques de Zeugma, plus grand musée de mosaïques au monde à ce jour, ou encore aller faire un saut à Tilbeshar… le site sur lequel j’ai fait mes débuts et sur lequel je ne suis pas retourné depuis 10 ans !! (oups ! là ! le bilan calendaire me donne une légère claque !). Finalement c’est Tilbeshar qui l’emprunte avec un brin de nostalgie, je retourne sur mon site, sujet central de ma thèse, et surtout celui qui m’a lié à la Turquie. Pour faire court Tilbeshar est un site de 77ha, une citadelle franque pendant les croisades, point central pendant des batailles contre les arabes qui tombera sous Salaadin, si je me souviens bien. Le tell principal de près de 45m, nous a permis de découvrir une occupation qui remonte au 6è millénaire avant JC, le site aurait donc été occupé, avec intermittences, jusqu’au 12è siècle après, soit pendant près de 6 - 7000 ans !
Je me négocie donc un taxi pour l’après midi, un jeune Mehmet, pas très bavard, mais qui sera bien sympathique. On se rend à Tilbeshar, la chaleur est mortelle… Je suis détrempé de la tête aux pieds… Mehmet ne descend même pas de la voiture pour m’attendre pendant que j’arpente le site. On retourne finalement au village, et je recherche mes anciens ouvriers : Hüseyin, Hasan et Adem… Huseyin n’est pas là, mais je retrouve ses parents, toujours aussi gentils et accueillants, ils me proposent le thé, mais je décline l’invitation et poursuis la quête de mes anciens… Hasan a quitté le village. Je tente donc d’aller chez Adem. On arrive en entrant dans le verger où se trouve sa maison. Nous sommes chez ses parents, le père d’Adem est Hajji, il a fait le pèlerinage à la Mèque, et est ainsi devenu un notable dans le village. Adem n’est pas là. Sa sœur ainée se souvient de moi, elle le fait appeler sur son cellulaire… et dans l’entrefaite, il arrive avec son père ! On est bien content de se retrouver. On échange quelques accolades, paires de bises. Il n’a pas changé, quelques cheveux blancs de plus, mais égal à lui même. Toujours pas marié, à 28 ans il ne le sera sans doute jamais, au grand désespoir de son père. On prend un café turc, on discute un peu de ma vie, de la sienne, paisible et lié aux saisons et à leurs productions de grenades. Ils ont des hectares entiers de grenadiers… c’est beau. Une petite heure plus tard, je reprends la route pour aller attendre François à l’aéroport. Cette petite visite spontanée à Tilbeshar m’a fait le plus grand plaisir, Adem aussi était bien content que l’on se revoie, il a surtout insisté sur le fait que la porte de sa maison m’était toujours ouverte.

Retour à l’aéroport de Gaziantep, et finalement François arrive, avec une bonne heure de retard. Quelques minutes auparavant, je me fais interpeller par un turc que je ne connais pas. Le téléphone à la main, il parle avec quelqu’un !!! « Êtes-vous Frédéric ?! » Il me tend son téléphone. C’est Sibel qui me parle, l’amie de Catherine. Elle devait nous réceptionner, et m’explique que sa voiture est en panne à Gaziantep. Donc elle nous a envoyé Ömer, son homme de main pour nous accueillir et nous conduire à Kilis. Que faisons-nous à Kilis, à 50 km de la frontière syrienne, au nord d’Alep ? On est rendu là pour récupérer la veille lada de la mission qui va nous conduire au Naxçivan, 995 km plus à l’est. Donc on passe la soirée avec Sibel et une de ses amies, Gülce, on dort dans une Ögretmen Evi (auberge réservée aux professeurs et étudiants turcs en voyage) nous sommes pas turcs, mais on s’y assimile ☺. On dort là, comme des buches et le lendemain début du grand roadtrip, destination le Mont Ararat !!!!

mercredi 29 juin 2011

Back to home...

Le baratin va reprendre du service à compter du 25 juillet prochain...

mardi 28 septembre 2010

Quelques notes perses sur l'Azerbaïdjan...

Le livre des vagabonds, Séances d’un beau parleur impénitent de Badî al-Zamâne al-Hamadhânî, vivant vers 990... 380 de l’hégire.

Séance huitième
L’Azerbaydjan
Où l’on s’aperçoit que le beau langage suit l’homme en tout lieu

Dame Fortune avait prélevé sur sa traîne quelques pièces d’étoffes dont elle me fit une ceinture, commença ‘Isä, fils de Hichâm, mais on me soupçonna d’avoir détourné de l’or à mon profit ou d’avoir découvert un magot. Fuis au plus vite, me pressa la nuit, bonne conseillère devant les menaces qui me prenaient pour cible. Sautant en selle, j’empruntai pour m’évader des routes que n’avaient maltraitées les pas du voyageur ; même les oiseaux s’en détournaient. Je parcourus ainsi des lieues et des lieues jusqu’à laisser derrière moi les contrées où j’avais de bonnes raisons de trembler, jusqu’à me débarrasser enfin de la peur, jusqu’à me retrouver en une place où la sécurité m’était assurée et dont j’appréciai de ce fait la fraîcheur. J’étais en Azeraydjan, après avoir amaigri mes montures successives, qui n’en pouvaient mais à force d’avaler de toujours nouvelles étapes. Lorsque j’y parvins,

Nous décidâmes une halte
Qui ne dépasserait pas trois jours,
Mais la vie en ce lieu fut si pleine de charme
Qu’un mois plus tard nous séjournions au même endroit.

Je me tenais un jour sur l’un de leurs marchés, quand je vis arriver un homme, baluchon accroché à l’épaule, bâton dans une main, la tête couverte d’un bonnet en forme de jarre et le corps enveloppé dans une serviette. Il prit ainsi la parole :
- Ô Dieu, notre Dieu, Toi qui crées les choses et les restaures dans leur état premier après leur anéantissement, Toi qui donnes la vie aux ossements même et les fais mourir, Toi qui as fabriqué le luminaire du jour et le fais tourner, Toi qui a provoqué le jaillissement de l’aurore aux mille éclats et l’as illuminée, Toi qui envoies les bienfaits nous baignant de toutes parts, qui soutiens la voûte céleste et l’empêche de s’effondrer sur nous, Toi qui as créé l’homme selon les deux genres, plaçant au-dessus de lui le soleil pour lampadaire, le firmament en guise de toit et par-dessus la terre, sa couche, Toi qui as fait de la nuit un temps de quiétude et du jour le moment où s’enchaînent les initiatives destinées à procurer à chacun sa pitance quotidienne, Toi qui as disposé les nuages comme autant de masses grises et la foudre comme un châtiment, Toi qui n’ignores rien de ce que cache le plafond des étoiles et de ce qui s’enfuit sous la terre que nous foulons dans les trajets qu’elle enserre entre ses limites, je Te demande de bénir le maître des Envoyés de Dieu, j’ai nommé Mouhammad et ces êtres sans tâches que sont les membres de sa famille. Je Te supplie de m’assister pendant ce séjour en terre étrangère : puissé-je tenir fermement les rênes de ma vie et être secouru dans ma condition de pauvreté afin que je quitte son ombre. Je Te prie de faciliter, par la méditation de celui qui n’obéit qu’à sa Foi et qui donc fait le bien, de celui qui n’écoute que la pureté de son coeur, qui, inébranlable dans sa croyance, vit heureux, de celui qui, loin de devenir aveugle, garde sa vue intacte en face de la vérité évidente, le don qu’on me fera d’une monture de voyage capable d’aller d’étape en étape sur cette route, et de provisions de bouches suffisantes à nous nourrir, moi et mon compagnon que voilà.
Je me fis à part moi la réflexion que la langue de cet homme avit plus d’éloquence que celle d’Abou’l-Fath. Je me retournerai vers l’orateur pour en avoir le coeur net. Et voilà que c’était Abou’l-Fath en personne . Je m’écriai :
-Ô Abou’l-Fath, ta ruse a voyagé au point de m’investir ces confins ! Ta chasse a mené tes pas jusqu’à cette grande tribu !
Sa réponse tomba, sous la forme de vers :

Je suis le voyageur impénitent
Qui va de pays en pays,
L’homme qui transperce l’horizon.

Je suis la toupie, et je tourne
Au long du temps qui suit son cours ;
Je suis le grand traceur de routes.

Ne me blâme pas, tolère ma ruse
puisses-tu toujours aller
dans la voie droite
et admire l’art oratoire.

Samedi 25 septembre 2010

Je suis présentement à Amsterdam. J’ai dormi une heure la nuit dernière et n’ai finalement rien vu d’autre que le petit déjeuner du voyage Istanbul Amsterdam... Dans trois heures, mon escale en dure six, je rentre à la maison... Je finis donc ce blog sur une note assez orientale, le chapitre du Livre du vagabonds qui parle de l’Azerbaïdjan. Je reprendrai sans doute le blog lors d’un prochain voyage en Orient, Naxçivan, Turquie ou Iraq, qui sait !

Vendredi 24 Septembre 2010.



Istanbul dernière étape turque. J’arrive à 12h à l’Institut Français, file voir Aksel Tibet pour récupérer dans son bureau un peu de matériel et on se donne rendez vous en début d’après-midi. Je profite d’un peu de temps libre pour me revêtir un peu de manière plus propre, le look indiana-jones-archéo-crado, c’en est assez ! À bas la poussière, retour au jeans !

Je retrouve donc Aksel vers 15h30, on discute un peu de la mission Ovçular, du comment elle s’est bien déroulée... Un vrai plaisir, malgré nos pépins d’eau et d’électricité, l’ambiance y était vraiment bonne.

Dans la couversation avec Aksel, on reparle de la publication de ma thèse à l’Institut... Et dans la minute, il va voir la directrice. Même débordée elle nous accorde quelques minutes et l’affaire est conclue. Je vous passe les détails, mais le manuscrit doit être remis fin mars 2011, et le volume de 175p env, sortira d’ici décembre 2011... Au boulot !

16h, je vais faire un tour dans le grand bazar, histoire de faire quelques emplettes pour les filles... Mais rien ne me satisfait, tout est de plus surfait, kitsch, et surtout les prix sont exorbitant... Je dépense tout de même quelques lires dans de la céramique genre Iznik... Je dis bien “genre”, car le style est une belle imitation de ce que c’était, mais la qualité de pâte ne l’est pas. D’ailleurs dans le Bazar je suis tombé sur une boutique qui vendait un style de céramique très différent de ce que l’on voit habituellement. Les bols sont en grès, décorés de pseudo-calligraphies arabes, le tout sous une couverte translucide. C’est jolie. Je me penche en regarde quelques uns, et le vendeur me dit ça vient d’Ouzbékistan. Super enfin quelque chose différent, encore que je ne vois ce que font des produits ouzbeks à Istanbul. Sans doute un héritage de la route de la route de la Soie, avec laquelle tout aboutissait à Constantinople, avant de se rendre à Venise. Bref, on jase un peu, il me montre une pile de bols et me dit :”Ceux-là sont anciens, les craquelures le prouvent !” je le regarde et lui dit : “les craquelures sont dûes à la cuisson des bols, mais ce sont de belles imitations de vieille céramique !” Et pour une fois j’ai sorti que j’étais archéologue, pour couper court à l’inflation du prix et surtout à la vente. Je déteste sentir qu’un vendeur se fout de la tronche de son client. C’est plutôt rare dans le grand bazar, mais ça arrive !

Je sors du bazar vers 18h, et là le ciel et noir, et des coups de tonnerres retentissent, un bol orage arrive, à 50m de la sortie, c’est la douche... Et Ô surprise, une boutique sur 5 sort son stock de parapluie et les vendeurs crient à qui mieux mieux le prix de leurs pépins.

Je descends à Eminönü, non sans glissé sur le granit poli des rues d’Istanbul. Et attend un Vapur (Bateau Taxi) pour aller sur la rive asiatique retrouver Éric pour manger avec lui. Pendant la traversée du Bosphore, le ciel est noir et le détroit un peu déchainé. C’est magnifique, au dessus de Topkapi le ciel est gris et noir, avec des nuages translucides qui laissent filtrer une lumière rouge orangé... Une autre vision d’Istanbul que je n’avais encore jamais vu sous cette lumière...

Au dîner, je vous accorde quelques dernières lignes sur la bouffe turque, nous nous sommes posés dans un resto à raki. Le raki est le pastis local sans les aromates... Et non seulement resto à raki mais aussi à poisson. Donc on a mangé quelques moules farcies, comme les dolma de Fatma à Ovçular, mais avec des moules, puis des anchois panés et frits suivi de quelques calmars frits, le tout accompagné d’une salade. Je suis rentré sur la rive occidentale avec le dernier bateau, arrivé à l’IFEA vers minuit, ai réservé mon taxi pour 4h du matin... Finalement j’ai finis mes bagages vers 2h, me suis réservé un bagage de plus sur le site de klm, pour la modique somme de 44 euros les 25 kg supplémentaire, au lieu des 70 normalement demandés à l’aéroport.

Jeudi 23 septembre 2010

Titi a 4 ans aujourd’hui ! Le temps passe vite...

Ce matin Marcella Frangipane nous a fait visiter le site d’Arslantepe. Site majeur en Mésopotamie du Nord, équivalent de Uruk dans le sud de la Mésopotamie, ou encore Gawra en Iraq du Nord, ou Tell Brak en Syrie du nord. Le site est occupé dès la fin de la période d’Obeid et ce jusqu’à la période byzantine, avec quelques interruptions bien entendu, mais on retrouve des niveaux d’occupation à toutes les périodes pendant près de 4000 ans. Les fouilles actuelles se concentrent sur des niveaux post-obeid, vers 4200 BC, puis de l’âge du Bronze vers 3000 et enfin à la période Hittite vers 2000, toujours avant Jésus-Christ. Pendant la visite Marcella nous promène dans le quartier des temples et la salle du trône, de la fin du 4è millénaire avant JC. Arslantepe, la colline des lions, tient son nom d’une porte monumentale trouvé il y a une quarantaine d’années. Cette porte en basalte, était ornée de lions assis qui flanquaient l’entrée du site pendant la période hittite. Les fouilles des années 90 et 2000 ont démontré que ce site était tout aussi majeur pendant le 4è et le 3è millénaire. On y a retrouvé des traces évidentes d’origine d’un pouvoir centralisé dirigé par des élites locales, et offrant des éléments de communications, réseaux d’échanges certainement, avec toutes les régions voisines : Amuq, Mésopotamie du sud, Anatolie Centrale et Transcaucasie. Il était donc très impressionnant de se promener dans le quartier des temples, dont les murs sont conservés sur 2 à 2m50 de haut par endroit, on se sent tout petit dans ce genre d’endroit. Ce quartier du site sera bientôt ouvert aux touristes, les turcs sont en train de mettre en place tout un parcours pour visiter ce quartier. Tout l’espace est couvert pour être protéger des intempéries, les peintures murales trouvées dans certaines pièces (dont la salle du trône) sont restaurées et seront recouvertes d’un verre pour être visible sans se dégrader. Ce nouveau site touristique en Turquie devrait ouvrir en 2011, pour le plus grand cauchemar des archéologues qui travaillent encore sur place. Cette étant politique les italiens n’ont d’autre choix que de se conformer.

On a poursuivi par une visite du Chantier VIII, fouillé par Francesca Balossi, qui correspond à des niveaux d’occupations contemporains des nôtres à Ovçular, le chantier est très grand, fouillé par intermittence depuis 1992, mais pas encore publié. J’ai donc hâte de voir la céramique, qui est selon Catherine la même que celle d’Ovçular.
Un peu plus loin on rend visite à Mario Liverani, qui lui fouille les niveaux Hittites, âge du Fer, env. 2000 BC. Tout le flanc nord du secteur est très imposant car flanqué d’un mur de rempart de 2m de larges sur près de 4 de haut, tout est en briques crues, c’est beau. En écrivant ces lignes, je me rends compte à quel point fouiller de la brique crue me manque...

Un peu plus tard on redescend à la maison de fouille, et je commence à regarder le matériel, pour faire une petite sélection d’échantillons pour créer mon référentiel macro, pétro, techno et géochimique. Je choisis donc une 12zaine de tessons ayant des similarités avec les nôtres, avec les 850 km qui séparent Arslantepe d’Ovçular, les points communs sont rares et les similarités entre les deux assemblages céramiques ne sont que des généralités. Chose qui est peu surprenante pour les périodes anciennes. Il faut dire qu’en faisant la traverser de la Turquie on découvre toute une variabilité régionale d’occupation des paysages : l’architecture en est la première manifestation, mais aussi les rapports avec l’environnement : l’élevage, l’agriculture - inexistante dans les piédmonts du Ararat car les communautés sur place sont kurdes, en partie nomades, et surtout des communautés d’éleveurs transhumant avec leurs bovinés et ovi-caprinés. Bref tout cela nous montre bien que si relations il y a entre des grandes régions aussi distantes les unes des autres que l’Amuq, le Haut Euphrate ou la Transcaucasie. Il est bien probable que l’on ait à chercher ces relations avec un maillage de sites bien plus étroit que sur des distances de 800 ou 850 km... C’est une évidence, mais il me semble aujourd’hui très intéressant de songer à ces relations et d’envisager des liens technologiques se transférant à une échelle humaine et pas seulement géographique. Le problème pour ce genre de recherche est l’ambition et la nécessité de moyen que cela nécessite...

15h Catherine reprend la route vers G.Antep pour aller chercher les tessons que j’ai sélectionné à Oylum Höyük, ils arriveront plus tard par la poste... Comme ceux sélectionnés à Arslantepe.

Je passe le reste de la soirée avec Marcella et Mario, toute l’équipe est allée soit à un mariage, soit au restaurant... Demain je pars à 7h30 pour mon vol Malatya-Istanbul.

jeudi 23 septembre 2010

Mercredi 22 septembre 2010

Décollage à 8h30 destination Bingöl, puis Elazig et enfin Malatya. On prend la plaine de Mush plein ouest sur une route de la soie. On traverse les montagnes, découvre des lieus de mémoire où des turcs sont tombés pendant des combats avec la guérilla kurde... On fait une halte déjeuner après Bingöl pour prendre un petit déjeuner. La spécialité locale est le bal-kaymak, un crêpe de crème - un peu comme la panna cotta italienne - recouverte d’un morceau de miel sur rayon ! Un régal !!! On repart destination Elazig, je découvre le grand lac de la plaine d’Altinova, où une îlot dépasse à peine. C’est le sommet du site de Norshuntepe, fouillé dans les années 60-70 et inondé au début des années 80, suite à la mise en eau du barage de la région !!! Le paysage est métamorphosé, le climat aussi, il n’y a plus d’hiver dans la région, tout est tempéré est espèces végétales ont changé, des grenadiers poussent à Elazig alors qu’on est censé plus au sud habituellement. Dans la région de Gaziantep. À 50km de Malatya on fait une nouvelle halte pour manger, il est 15h30 et on s’arrête encore près d’un ac de barage, sur le bord de l’Euphrate, encore. On appelle Marcella pour lui dire que nous seront à Arslantepe, une heure plus tard. Elle nous attend. Nous sommes finalement arrivé à bon port, malgré la fatigue de notre lada. Demain on passe la journée ici. Catherine va partir vers 14h et moi je repars vers Istanbul, en avion vendredi matin. Directement depuis de Arslantepe. Le voyage touche à sa fin.