dimanche 14 août 2011

De Montréal à Ovçular tepesi, au pays du peuple de l’arche…

Quelques notes sur ma dernière mission en Orient…

Parti de Montréal le 24 juillet, je suis arrivé à Ataturk, le 25 en fin de matinée… il faisait déjà chaud. Fraîchement débarqué au Büyük Londra Oteli, Grand hôtel de Londres, je pose mes bagages et me pose un peu… Il fait chaud à Istanbul et c’est très humide…

Je prends quelques heures en fin de journée pour aller faire un tour dans le Grand Bazar et le Bazar aux Épices… je descends de Beyoglu en funiculaire et prend ensuite le tramway pour aller vers le Kapali Çarsi (Grand Bazar) l’ambiance est toujours aussi effervescente. Beaucoup de touristes, il faut dire que fin juillet, la saison touristique bat son plein, et les tarifs aussi.

Je dois attendre trois jours avant l’arrivée de mes collègues, Catherine et François, qui arrivent de Paris et de Lyon. C’est avec François que je vais faire la traversée du Grand Est vers Igdir, ville la plus proche de la frontière Azéri.

En attendant l’arrivée de mes deux acolytes, je décide de prendre une vraie journée off, et m’offre une journée de plage au bord de la mer de Marmara. La chaleur est accablante… je ne sais pas combien il fait, mais je sue… je décide donc de partir de bonne heure pour arrivée sur une plage dont j’ignore encore la localisation et de fait je ne sais pas non plus le temps qu’il me faudra pour m’y rendre…

Je décide donc d’aller prendre un bateau à Eminonu, proche du bazar aux épices… arrivé là il n’y a pas de bateaux pour les îles aux Princes, on m’oriente vers un autre quai de l’autre côté de la Corne d’Or. Je repars ainsi de Karakoy, pour aller aux îles… mais arrivé à Kadikoy sur la rive orientale, je me rends compte que je ne suis pas dans le bon bateau ! oups !!! alors je tente d’appeler mon ami Éric Jean qui habite à Kadikoy, mais mon cell est à plat, plus d’unités pour téléphoner… Je le recharge et finalement trouve le bon embarcadère pour partir… Il est déjà 11h30… et il fait chaud.

Finalement le bateau de 11h40 arrive ; j’embarque, mais ne sais toujours pas où je vais… 45 min après le départ, premier arrêt… ya des touristes partout, des turcs à la pelle, qui descendent en masse sur cette île, dont les quelques plages sont couvertes de transat… pfff, je n’ai pas envie de ça… je rêve d’une crique et d’un bout de plage sauvage, où il n’y aurait que moi, ou presque… je reste à bord et le bateau poursuit son trajet. Seconde halte Burgazada, petite île, peu de monde descend, je saute aussi du bateau… et me dit que je vais bien voir ce que je vais trouver… cette île, comme toutes les îles de la Marmara, est dépourvue de voiture, seuls des vélos sont louables, ou encore des calèches à chevaux pour se promener. Je marche, en suivant la côte occidentale de l’île. En chemin, un chien errant sympathise avec moi et m’accompagne jusqu’au terme de ma marche, quelques 25 min plus loin. Je profite des mimosas, des figuiers et des bougainvilliers qui ornementent les jardins de ces maisons, qui pour certaines sont ottomanes, en bois. Mon chemin est parsemé de criques, où il y a toujours quelques familles en train de patauger… finalement je prends un chemin de terre qui descend vers une crique qui semble presque déserte et de fait, il n’y a qu’une vingtaine de personne dans ce havre de paix. Paisibilité garantie je me pose là… il fait chaud… je me fous à l’eau et ça me rafraichit à peine… il est 13h… le soleil est à son zenith… tout est chaud, les galets, l’eau… et je suis en fonte… seul ou presque en compagnie d’un cormoran cette fois, je relaxe là quelques heures. Vers 14h30 je repars, cramoisi, histoire de prendre un lunch avant de reprendre le bateau retour qui me déposera à Kadikoy, où je vais retrouver Éric, Laurence et Yasemine, mes collègues et amis, français et turques qui vivent à Istanbul depuis des années maintenant.

Retour au quai, je fais un petit tour dans le bourg de Burgaz, quelle plénitude à cet endroit, pas de voitures, quelques vieux ici et là qui prennent le thé, jouent aux cartes, ou encore son assis sur un banc en train de regarder les bateaux passés au large… ça fait tellement de bien pareil décrochage ! Je trouve une place en terrasse dans une petite lokanta en bord de mer et prends un brugaz kebap, excellent : pain plat (lavash) avec fromage et viande grillée (mouton) le tout roulé, coupé en rondelles, arrosé d’une sauce tomate et accompagné de yaourt local, un régal ! Je complète le tout par quelques thés turcs, que j’adore. 16h30 je prends le bateau et rentre sur la rive orientale d’Istanbul à Kadikoy, où Eric m’attend et avec qui nous allons manger chez Laurence, qui vient de se casser le pied ! À 10 jours de son départ sur le terrain, c’est un peu poche !!! Son départ n’est que retardé ! Elle a la peau dure Laurence, et partira tout de même dès son atèle retirée…

Avec Eric, on passe chez un traiteur de Kadikoy, y achète un bar grillé et quelques mezzés, Laurence fourni le Raki… le cadre de la soirée est planté. On discutera jusqu’à une heure assez avancée, en tous cas suffisamment avancée pour que je rate le dernier bateau pour retrouver ma chambre d’hôtel sur la rive occidental d’Istanbul, à Beyoglu. Je rentre donc en Dolmush, taxi collectif ! Superbe soirée passée avec Laurence, Eric et Yasemine !!!

Mercredi 27 juillet… après une nuit blanche causée par le jetlag, je me lève en urgence vers 10h du matin pour transférer mes quartiers vers le palais de France, maison consulaire, et l’Institut Français, où Catherine m’a réservé une chambre pour la nuit, histoire de pouvoir la retrouver, ainsi que François, le soir même. Nous nous retrouvons donc en fin de journée, on dîne, dans le quartier de Pera, avec quelques midiye tava (beignets de moules accompagnés d’une sauce à l’ail - une chance je dors seul)… nuit à l’IFEA, avec chaleur, moustique et eau à peine potable… le lendemain matin, début de l’aventure !

Jeudi matin (28 juillet) je pars pour l’aéroport, destination Gaziantep, les vacances sont finies… je vais arriver dans le sud-est à 800km d’Istanbul en début d’après midi et François va m’y rejoindre vers 19h30. J’ai 5 heures à tuer… Que faire ? Aller voir le nouveau musée de Gaziantep, riche des mosaïques de Zeugma, plus grand musée de mosaïques au monde à ce jour, ou encore aller faire un saut à Tilbeshar… le site sur lequel j’ai fait mes débuts et sur lequel je ne suis pas retourné depuis 10 ans !! (oups ! là ! le bilan calendaire me donne une légère claque !). Finalement c’est Tilbeshar qui l’emprunte avec un brin de nostalgie, je retourne sur mon site, sujet central de ma thèse, et surtout celui qui m’a lié à la Turquie. Pour faire court Tilbeshar est un site de 77ha, une citadelle franque pendant les croisades, point central pendant des batailles contre les arabes qui tombera sous Salaadin, si je me souviens bien. Le tell principal de près de 45m, nous a permis de découvrir une occupation qui remonte au 6è millénaire avant JC, le site aurait donc été occupé, avec intermittences, jusqu’au 12è siècle après, soit pendant près de 6 - 7000 ans !
Je me négocie donc un taxi pour l’après midi, un jeune Mehmet, pas très bavard, mais qui sera bien sympathique. On se rend à Tilbeshar, la chaleur est mortelle… Je suis détrempé de la tête aux pieds… Mehmet ne descend même pas de la voiture pour m’attendre pendant que j’arpente le site. On retourne finalement au village, et je recherche mes anciens ouvriers : Hüseyin, Hasan et Adem… Huseyin n’est pas là, mais je retrouve ses parents, toujours aussi gentils et accueillants, ils me proposent le thé, mais je décline l’invitation et poursuis la quête de mes anciens… Hasan a quitté le village. Je tente donc d’aller chez Adem. On arrive en entrant dans le verger où se trouve sa maison. Nous sommes chez ses parents, le père d’Adem est Hajji, il a fait le pèlerinage à la Mèque, et est ainsi devenu un notable dans le village. Adem n’est pas là. Sa sœur ainée se souvient de moi, elle le fait appeler sur son cellulaire… et dans l’entrefaite, il arrive avec son père ! On est bien content de se retrouver. On échange quelques accolades, paires de bises. Il n’a pas changé, quelques cheveux blancs de plus, mais égal à lui même. Toujours pas marié, à 28 ans il ne le sera sans doute jamais, au grand désespoir de son père. On prend un café turc, on discute un peu de ma vie, de la sienne, paisible et lié aux saisons et à leurs productions de grenades. Ils ont des hectares entiers de grenadiers… c’est beau. Une petite heure plus tard, je reprends la route pour aller attendre François à l’aéroport. Cette petite visite spontanée à Tilbeshar m’a fait le plus grand plaisir, Adem aussi était bien content que l’on se revoie, il a surtout insisté sur le fait que la porte de sa maison m’était toujours ouverte.

Retour à l’aéroport de Gaziantep, et finalement François arrive, avec une bonne heure de retard. Quelques minutes auparavant, je me fais interpeller par un turc que je ne connais pas. Le téléphone à la main, il parle avec quelqu’un !!! « Êtes-vous Frédéric ?! » Il me tend son téléphone. C’est Sibel qui me parle, l’amie de Catherine. Elle devait nous réceptionner, et m’explique que sa voiture est en panne à Gaziantep. Donc elle nous a envoyé Ömer, son homme de main pour nous accueillir et nous conduire à Kilis. Que faisons-nous à Kilis, à 50 km de la frontière syrienne, au nord d’Alep ? On est rendu là pour récupérer la veille lada de la mission qui va nous conduire au Naxçivan, 995 km plus à l’est. Donc on passe la soirée avec Sibel et une de ses amies, Gülce, on dort dans une Ögretmen Evi (auberge réservée aux professeurs et étudiants turcs en voyage) nous sommes pas turcs, mais on s’y assimile ☺. On dort là, comme des buches et le lendemain début du grand roadtrip, destination le Mont Ararat !!!!

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