jeudi 19 août 2010

Dimanche 15 Août 2010


Après une nuit éponge, durant laquelle il devait faire 35° dans la chambre de l’Institut français que j’occupais, et envahie de moustique, j’ai pris de nouveau l’avion ce matin... Destination Gaziantep, quelques 900 km au sud-est d’Istanbul... À 50 km au nord d’Alep et donc à la frontière syro-turque... Pour aller passer trois nuits, deux jours sur le site de Oylum Höyük, et y échantillonner quelques tessons que je vais me faire un plaisir de réduire en poudre une fois de retour au bled.

Je commence ma journée tranquillement, mais en faisant des aller-retour permanent vers mes choses que je n’arrêtais pas d’oublier dans ma chambre à l’Institut Français d'Istanbul. Je me suis même acheté une bouteille d’eau au Starbucks (eh oui ici aussi il y en a, et un dimanche matin sur Istiklal, c’est ouvert avant les restaurants de tradition culinaire locale !), que j’ai oublié en partant, donc on oublie la désaltération sur la route de l’aéroport...

Arrivé à Atatürk Havalimani, Iç yollari, bref à l’aéroport national, je passe les contrôles de douanes... Oups ils voient des trucs bizarres dans mon sac ! (ben oui je ramène 150 échantillons de céramiques...) donc là, la douanière veut voir de quoi il s’agiy et me fait ouvrir mon super sac poche dans le lequel les tessons sont bien au fond... Dans la conversation on me demande si je parle turc (oui ! Enfin un peu !), elle ne parle pas anglais... Je me justifie tout de suite, en lui disant que je suis archéologue, je la voyais venir... Et finalement elle tire sur LE sac de tessons... L’ouvre, sort un minigrip (ziploc) contenant un tesson et me demande ce que c’est ?!? “Jeolojik Tash”, lui dis-je... Donc mes tessons sont passés pour les cailloux géologiques... “Tamam (ok)”. Elle me fait les remerciements d’usage, me souhaite un bon voyage... Et me voilà qui boucle, mon sac jusqu’à la prochaine étape... Qui n’est pas bien bien loin... J’arrive donc au comptoir de la Turkish Airlines, pose mon tube en carton contenant tous les plans et relevés archéologiques de Ovçular de 2009, sur la tablette sous le comptoir, en me disant qu’il ne faut pas les laisser là... Je fais mon check in, et pars... Ce n’est qu’une heure plus tard, après avoir découvert que mon vol pour Gaziantep était retardé de 40 min, que je me dis... Mais il me manque un truc ! Oups ! Alors je ressors de la zone d’embarquement retourne au guichet et demande à mon hôtesse si elle a trouvé mon tube ! Oui, oui il est parti avec un agent de la sécurité aux objets perdus-trouvés... Je descends d’un étage, me dirige vers le guichet en question, baratine dans mon turc bretonnant, ce que je cherche... C’est pas le bon bureau... Il faut traverser la sortie de la zone des arrivées, donc entrées dans la zone où les passagers récupèrent leurs bagages.... Mais c’est interdit !!! J’interpelle un policier... Qui me laisse entrer sans rien comprendre de ce que je lui dis... Et finalement je vais au guichet en question... Mais c’est pas ici cher monsieur... Me dit-on après 10 min de palabres, il faut aller au comptoir des objets perdus-trouvés de la Turkish... J’y vais, là un hôte me demande ce que je cherche, pige rien mais téléphone à droite et à gauche, soit disant en cherchant mon tube... Sa collègue s’en mèle.... Et finalement on me dit, mais il faut aller au comptoir général de l’aéroport... Ah ha ! Je ressors donc de la zone des arrivées, pour retourner au comptoir en question, et là... C’est fermé ! Ça ferme entre 12h et 13h, il est 12h25, je décolle dans 35 min... Que faire !!!! Je remonte au guichet d’enregistrement, retourne voir mon hôtesse, qui est donc par l’entre fait devenue mienne, et lui dis que le bureau est fermé... Bref, elle sort de derrière son comptoir, et m’emmène voir sa superviseure... Qui finalement passe deux ou trois coups fils et on redescend tous les deux au bureau en question pour que je récupère mon fameux tube.... Quel lourdingue le Fred... Et quelle aventure ! Si je ne les avais pas retrouvés, ces plans, je pense qu’arrivé au Naxçivan, Miss Marro m’aurait fait une tête au carré... Donc finalement je chope mon avion en 4è vitesse.

Environ une heure plus tard, le vol dure approximativement 1h20 pour se rendre dans le sud, on fait une immense boucle dans la vallée de Gaziantep, et oh surprise, on survol pendant près de 5 min en le contournant, Tilbeshar... Le site de mes débuts en Turquie. C’est une vaste galette de 73 ha, surmonté d’un tell de 40m de haut. Il est toujours aussi énorme et toujours beau dans la vallée verdoyante du Sajour (affluent de l’Euphrate...). Super plaisant comme arrivée... Faut dire que cette ancienne citadelle croisée tient encore sa place de forteresse dans le paysage de l’ancien comté d’Edesse, grand domaine franc pendant les croisades...

J’atterris finalement à bon port, comme convenu... et en sortant de l’avion, directement sur le tarmac, le vent doit être à 50°, c’est brûlant...

Sibel, amie de Catherine, vient me chercher et on part en direction de Oylum Höyük... Où je suis en train d’écrire ces quelques lignes... Attila Engin, le directeur de la mission, me reçoit, finalement il m’attendait sans m’attendre, car personne ne lui avait confirmé ni ma date, ni mon heure d’arrivée. Cela ne lui pose aucun problème, il me laisse sa chambre avec salle d’eau, et je suis là comme un pacha !

En fin de journée, après l’heure du thé turc, qui est à 17h... Tiens donc ! héritage anglais même icite !? Je me suis mis à étudier le matériel de l’âge du cuivre qu’Oylum Höyük a livré entre 1998 et 2000... En discutant avec Attila, il me dit que finalement je ne peux pas emmener de matériel pour analyses... Oups ! C’est plate de faire 8 000 km, pour repartir bredouille ! Un coup de téléphone à Catherine, qui téléphone à Attila... Et l’affaire est conclue et réglée, finalement je pourrais emmener du matériel qui restera au musée de Gaziantep et sera confié aux bons soins de Catherine Marro qui le ramassera en repassant par G. Antep au retour du Naxçivan, et le ramènera en France, d’où il me sera envoyé à Montréal... Elle est pas belle la vie ? La suite au prochain numéro...

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